Traite des Personnes À Guéckédou, L’apport de l’OIM Guinée dans la lutte contre la pratique
Les populations de cette région sont très mobiles, se déplaçant pour diverses raisons telles que le commerce transfrontalier ou régional, l’orpaillage
dans les régions aurifères de la Guinée, ou encore pour des activités sociales. Ces communautés sont historiquement établies à cheval sur les trois frontières.
La migration, qu’elle soit interne ou externe, peut parfois mettre les individus en situation de vulnérabilité, les exposant à des pratiques abusives et attentatoires à leur dignité humaine.
Des jeunes, filles et garçons, résidant à Guéckédou en Guinée Forestière, s’aventurent régulièrement vers les régions voisines à la recherche de ressources, notamment l’or.
La préfecture de Siguiri située en Haute Guinée, où s’effectue l’exploitation artisanale de ce métal précieux, constitue l’une des destinations privilégiées des ressortissants de Guéckédou. Ce voyage n’est cependant pas sans conséquences comme l’expliquent les autorités préfectorales en charge de l’accompagnement et de l’insertion des personnes victimes de traite d’êtres humains.
« On trompe nos sœurs à partir d’ici pour les envoyer à Siguiri sous prétexte qu’elles vont y trouver du travail. Une fois là-bas, il arrive qu’elles tombent dans des réseaux de proxénétisme et soient victimes d’exploitations sexuelles », explique Isaac LÉLAMOU, le Directeur Préfectoral de la Promotion Féminine, de l’Enfance et des Personnes Vulnérables avant d’ajouter :
« En dehors de ces cas de traite à Siguiri, on constate également dans la préfecture de Guéckédou, des pratiques assimilées à de la traite, telles que la privation économique infligées par des maris à leurs épouses. Ces dernières contraintes d’abandonner leurs activités et retombent dans la dépendance ».
L’Office de Protection du Genre de l’Enfance et des Mœurs (OPROGEM), est l’une des directions de la police nationale qui intervient directement dans le cadre de la lutte contre la traite et est aussi membre du comité national de lutte contre la traite des personnes et pratiques assimilées (CNLTPPA).
« C’est par plainte ou dénonciation que nous sommes saisis des cas de violences basées sur le genre. Nous sommes chargés du volet répressif. L’exploitation sexuelle est la forme de traite la plus répandue dans la préfecture. Nous combattons aussi toutes les autres formes de pratiques assimilées à la traite des personnes avec l’appui des partenaires techniques et financiers », explique Mohamed CONDÉ, le Commissaire principal de l’OPROGEM de Guéckédou.
L’apport de l’OIM pour améliorer la lutte contre la traite des personnes
Jusqu’en 2020, les efforts menés par les autorités du Bureau du Comité National de Lutte contre la Traite des Personnes et des Pratiques Assimilées (CNLTPPA) de la région de N’Zérékoré (où se situe la Préfecture de Guéckédou) se heurtaient à un certain nombre de contraintes. En effet, les agents de polices et des services préfectoraux impliqués dans cette lutte, avaient un grand besoin en renforcement de capacités. Que ce soit sur les plans juridique et de prise en charge des victimes, ainsi que d’améliorer leur équipement informatique, et de mettre en place une base de données numérique des cas.
Depuis 2021, l’Organisation Internationale pour les Migrations s’implique pour apporter son appui au CNLTPPA pour une plus grande efficacité dans la lutte contre la traite des personnes. Dans ce cadre, l’OIM, en collaboration avec le Bureau national de CNLTPPA, a équipé les agents de certaines structures de l’État, membres du CNLTPPA et spécialisées dans la lutte contre la traite des personnes, à travers les fonds du Projet conjoint Migration Multi-Partner Trust Fund, exécuté dans la région du Bec du Perroquet. Il s’agit principalement de l’Office de Protection du Genre de l’Enfance et des Mœurs (OPROGEM), de la Direction préfectorale de la Promotion Féminine, de l’Enfance et des Personnes Vulnérables, et de la Brigade Spéciale de Protection des Personnes Vulnérables (BSPPV).
Le projet MMPF a aussi été d’un appui dans la coordination des efforts de lutte contre la traite à travers des réunions sous-régionales qui ont réuni la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone. L'objectif est de contribuer à améliorer la gouvernance régionale et la coopération entre les États participants dans la lutte contre la traite dans la région, y compris la prévention, la protection des victimes de la traite et la poursuite des auteurs.
« Les formations et les équipements offerts par le Projet ont permis à nos services de comprendre la problématique de la traite des personnes, de mieux faire la différence entre une violence basée sur le genre et la traite d’êtres humains. En plus, cela a renforcé nos capacités d’intervention dans la lutte contre cette pratique. Nous travaillons également, de façon plus coordonnée, avec les institutions et ONG impliquées dans le combat contre le fléau. » Mohamed CONDÉ, Commissaire principal de l’OPROGEM de Guéckédou.
Depuis le début du projet, ces différentes structures du CNLTPPA ont bénéficié de renforcements de capacités sur l'identification et le référencement des potentielles victimes, la collecte et la remontée des données sur la traite des personnes, ainsi que l’assistance à la réintégration des personnes victimes de traite. De plus, elles ont aussi été équipées de matériel informatique tels que des ordinateurs, des imprimantes et des kits internet, ce qui leur permettant d’exercer leurs missions plus facilement.
Aujourd’hui, les personnes victimes de traite d’êtres humains identifiées dans la préfecture de Guéckédou sont enregistrées et référées à la Direction préfectorale de la Promotion Féminine, de l’Enfance et des Personnes Vulnérables pour leur prise en charge psychologique et de santé mentale. Le travail se fait de façon coordonnée entre la Direction préfectorale de la Promotion Féminine, de l’Enfance et des Personnes Vulnérables, l’OPROGEM, la BSPPV et les autres structures et ONG impliquées de la lutte contre la traite des personnes.