LE COMBAT DES FEMMES MARAICHÈRES DANS LE CONFLIT AGRO-PASTORAL
Djénèba, 30 ans et mère de six enfants, pratique la culture maraîchère à Sambayah, un village d’agriculteurs Dialonkés, dans la Sous-préfecture de Hermakonon.
Avec les revenus qu’elle génère de la culture maraichère, elle nourrit sa famille. En plus d’être la responsable de la sécurité alimentaire dans son foyer, Djénèba se charge aussi de la formation et de l’éducation de ses nombreux enfants. Elle trouve ses ressources en vendant sur le marché les légumes qu’elle récolte de son jardin.
Cependant, elle fait partie des nombreuses femmes, victimes chaque année, dans la région de Faranah, de la destruction des cultures par des troupeaux laissés en liberté.
Djénèba raconte qu’en 2021, les vaches d’un voisin, laissées sans surveillance, ont saccagé son champ, la laissant sans ressources. Face au refus de l’éleveur local de rembourser les pertes causées par son cheptel, elle s’est vue contrainte de migrer vers une localité de la région voisine. « Je n’avais plus rien, moi, une mère de famille. Par quel miracle j'aurai pu nourrir mes enfants ! En effet, je m’étais endettée pour me lancer dans le maraîchage et devais obligatoirement rembourser mes créanciers. J'étais ainsi dans l'obligation de partir ailleurs à Siguiri, dans les zones d’exploitation d’or, pour travailler. Ce n’est que l’année suivante que j’ai pu regagner mon village ».
Heureusement qu’à son retour, Djénèba croise la chance. Depuis juillet 2022, elle bénéficie d’un accompagnement financier et technique, dans le cadre du projet transfrontalier « Consolidation de la paix et renforcement des moyens de subsistance des agriculteurs et éleveurs de bétail dans la région de Faranah », qui lui a permis de relancer son activité maraîchère.
Désormais, pour ne plus connaitre la même mésaventure et éviter les conflits agro-pastoraux, Djénèba protège son champ.
Depuis, elle se sent de plus en plus en sécurité face aux dégâts que les animaux causent dans les champs. Mais pour pérenniser cet acquis, Djénèba et les autres agriculteurs de Sambayah souhaitent avoir des clôtures modernes et écologiques.
Ils sont conscients que « la coupe du bois, en plus d’être un travail difficile, provoque également des conséquences environnementales, notamment liées à la déforestation ».
En appliquant des approches innovantes et inclusives à la médiation des conflits et à la communication transfrontalière, le projet “CONSOLIDER LA PAIX TRANSFRONTALIÈRE ET RENFORCER DURABLEMENT LES MOYENS DE SUBSISTANCE DES ÉLEVEURS DE BÉTAIL ET DES AGRICULTEURS EN SIERRA LEONE ET EN GUINÉE” est financé par le Fonds de Consolidation de la Paix des Nations Unies, et mis en oeuvre par OIM Guinée, PAM Guinée et Talking Drum Studio. Il vise à renforcer les relations entre la Guinée et la Sierra Leone en abordant les conflits transfrontaliers récurrents qui se produisent entre les éleveurs de bétail et les agriculteurs.
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A PROPOS DU FONDS DE CONSOLIDATION DE LA PAIX DES NATIONS UNIES
Le Fonds de Consolidation de la Paix (PBF – Peace building Fund), est l’instrument financier de premier recours du Système des Nations Unies, pour le maintien de la paix dans des pays à situations de risques ou touchés par des conflits violents.
Le PBF intervient en Guinée depuis 2007. C’est la première intervention du PBF dans un pays qui ne connait pas de conflit armé. A l’époque la Guinée subissait les contrecoups des crises régionales, et le pays, déjà fragile se retrouvait alors face à de multiples facteurs de risque.
En juillet 2017, la Guinée a entamé une 3ème phase d’appui dont les financements sont faits sous la forme d’un paquet de projets de la modalité de réponse immédiate : IRF et PRF.
du Fonds de Consolidation de la Paix en Guinée des projets en cours de mise en œuvre 2023 est de 21 414 503,82 $ USD dont 9 451 521,87 $ USD (44%) pour la promotion du genre et est composé de 08 projets (national & cross border).