DES "CLINICIENS ET CLINICIENNES" QUI FONT DES MERVEILLES POUR LA COHESION SOCIALE EN BASSE-GUINEE

Cinq cliniques juridiques, composés de 25 jeunes parajuristes, dont 10 jeunes femmes, contribuent à rendre le droit accessible aux populations vulnérables
Dans le cadre de l’assistance juridique aux communautés impactées par les conflits fonciers et domanial, l’exploitation minière et les carrières, le projet de « Renforcement du dialogue multi-acteurs pour une gouvernance foncière et environnementale responsable en Basse Guinée » a permis de mettre en place cinq cliniques juridiques, composés de 25 jeunes parajuristes dont 10 jeunes femmes. Les préfectures de Dubréka, Coyah, Boffa et Forécariah, et la ville de Conakry bénéficient, ainsi, chacune, de 05 parajuristes.
Les parajuristes aussi appelés « cliniciens » sont des hommes et femmes non professionnels du droit mais qui disposent des notions de base en la matière, connaissent les procédures judiciaires ainsi que les réalités sociologiques de leur pays et contribuent ainsi à rendre le droit accessible aux populations vulnérables.
« Ces parajuristes sont d’une très grande utilité et, depuis leur mise en place, ils ne cessent de faire des merveilles »
Les parajuristes ont été formés pour résoudre les problèmes d’ordre juridique les plus couramment rencontrés par les membres de leur communauté : violation des droits des communautés locales, violences conjugales, mariages forcés, abandons d’enfants, litiges fonciers, corruption, abus de pouvoir, etc. Parallèlement, ils renforcent les capacités des populations à s’auto-représenter.
Selon M. Naby Condé, Secrétaire Général chargé des Collectivités de la préfecture de Coyah, « ... la clinique a appuyé la préfecture dans la gestion de plusieurs conflits domaniaux. Elle est d’une très grande utilité, et depuis sa mise en place, elle ne cesse de faire des merveilles. Partout, les cliniques renforcent la gouvernance et facilitent la communication avec les communautés. Leur intervention permet aussi d’éviter l’immixtion des autorités administratives dans les affaires juridiques. Par exemple, grâce à la clinique, on a pu éviter la prison à des jeunes dans une affaire d’occupation illégale de parcelle qui a pu être gérée à l’amiable à la satisfaction des acteurs, évitant ainsi des manifestions. Vu la pertinence de ce cadre plus particulièrement de la clinique juridique, j’envisage avec les autorités locales, d'inclure certaines de leurs activités dans le plan de développement local - PDL/PAI - afin de faciliter leur mobilité et renforcer leur communication et les rendre plus durables ».
Les parajuristes agissent sur la prévention des conflits fonciers, notamment via la sensibilisation et l’information des populations sur leurs droits et obligations et la compréhension des procédures judiciaires atteste M. Mansaré, Procureur du TPI de Coyah : « L’équipe des parajuristes est très dynamique, prompte à répondre aux sollicitations et intervient de façon professionnelle, neutre et impartiale. Ses interventions permettent de circonscrire paisiblement certaines situations et plus rapidement au lieu de trainer dans des procédures judiciaires souvent longues et dont le résultat peut être source d’autres conflits. Cette clinique qui s’inscrit dans le cadre de la prévention et la gestion des conflits est très salutaire pour la justice car, elle permet d’établir un premier contact avec les communautés lorsque des prémices de conflits ou de mésententes sont signalés».
« J’ai une nouvelle manière de comprendre et de gérer les conflits en privilégiant la communication non violente »
En ce qui concerne la gestion des conflits fonciers, les parajuristes agissent également via la facilitation des règlements à l’amiable et la médiation entre les parties en litige, l’orientation vers d’autres prestataires et/ou vers les juridictions. Les femmes jouent un rôle important au sein des parajuristes : « quand il y’a un conflit, nous les femmes nous sommes écoutées à cause de notre crédibilité que le projet nous a permis de renforcer, avec les formations en techniques de communication et de médiations. Par exemple nous avons pu gérer un conflit sur le non-paiement du règlement des anciens travailleurs d'une société de sécurité à Boffa.C'est à la suite de plusieurs séances de sensibilisation des grévistes par les parajuristes,en leur expliquant les voies de recours à suivre, en cultivant l'empathie,..., un terrain d'entente fut trouvé pour ramener les concernés autour de la table, explique Djenab Diallo, parajuriste de BOFFA.

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Le projet " Renforcement du dialogue multi-acteurs pour une gouvernance foncière et environnementale responsable en Basse Guinée " est mis en œuvre par l'ONU Habitat, le PNUD et l'ONG ACORD Guinée, en Basse Guinée (Conakry et les préfectures de Dubréka, Coyah, Boffa et Forécariah), avec le financement des fonds des nations unies pour la consolidation de la paix (PBF), couvrant décembre 2021 à décembre 2022. Il vise à renforcer le dialogue multi-acteurs et la cohésion sociale, et à mettre en place des mécanismes pragmatiques graduels pour une gouvernance foncière responsable et sécurisée pour les ménages vulnérables et à risque de violence, en vue de prévenir les conflits liés aux opérations d’exploitation des ressources minières et de carrière en milieu rural et périurbain et aux démolitions des biens à usage d’habitation et commercial sur les emprises publiques, en milieu urbain dans les zones de la Basse Guinée.