Sur la Makona, une Course de pirogue pour renforcer la cohésion entre les communautés

Mory Camara est un « jeune pécheur » de 70 ans vivant à Nongoa depuis 25 ans. C’est là qu’il a construit et établi sa famille, depuis qu’il a suivi une poissonnière Kissi rencontrée dans son village de Djoma.

Djoma, à Siguiri d’où il a emporté des souvenirs immuables de courses de pirogue dont lui et ses congénères étaient champions année après année.

Quand l’équipe de mission conduite par le Chef de District, vient informer ce doyen des Somonos (pécheurs) de l’initiative d’une course de pirogue qui doit se tenir pendant la Caravane de sensibilisation, l’émotion est palpable chez le « jeune homme » ; il renait instantanément. Comme le film de ses meilleures épopées, son visage en lumière nous relate la ferveur autour de ces compétitions où chaque village représenté, se bat avec la dernière énergie pour ce graal tant convoité.

D’abord la sélection rigoureuse dans l’identification des rameurs. La force physique était une qualité indispensable à laquelle il fallait associer un mental de persévérant. Même les puissances surnaturelles s’invitaient pour préparer ces ambassadeurs de chaque village, on devait rester par exemple sept jours sans rapport intime.

Cependant au-delà de l’aspect confrontation, les compétitions de pirogue, étaient un prétexte agréable de réunir les villages, de partager des repas et renforcer la cohésion entre les localités. Ainsi il pouvait se déplacer dans toute la préfecture en ayant une famille qui pouvait l’accueillir avec l’hospitalité légendaire des gens de l’intérieur de la Guinée.

Notre champion sait déjà qu’il ne participera pas à la course mais, il s’empresse de prendre le leadership de l’activité ; il consulte le chef de District afin de choisir le jour idéal pour l’évènement en prenant compte des activités du débarcadère, des marchés locaux ; ensuite réunir les Somonos, discuter du parcours de la course, sélectionner les pirogues et rames aptes, identifier les membres des équipes. Il regrette simplement le délai court pour préparer tout cela.

L’activité est une réussite, aussi bien dans la mobilisation que les contenus. Les communautés de Yende coté Sierra leone ont pu venir, des représentants de l’autorité également chaleureusement accueillies par le Sous-Préfet et le Maire de Nongoa aussi présents. A ce propos le Maire affirmera: "L’OIM et ses partenaires des Nations Unies à travers cette activité ont réveillé Nongoa: En témoignent la forte mobilisation, la joie sur le visage de chacun d’entre nous et la bonne énergie qui règne au bord de ce fleuve Makona, notre bien commun. Réunir les deux communautés autour du fleuve sur ce genre d’évènement, remontait à quarante ans. Car nous tous qui sommes là avons été bercés d’histoires autour de courses de pirogues à Nongoa, mais c’est la première fois que nous en vivons une".

En plus, nos filles et fils qui font de la poésie dans nos langues pour nous sensibiliser sur la sécurité, notre santé, la paix entre les communautés est une chose que nous souhaitons répéter régulièrement. Nous vous remercions également pour les appuis apportés pour le groupement de femmes pour l’assainissement mais également pour la pirogue qui certainement servira à bon escient. »

La caravane de sensibilisation qui consistait à réaliser des activités envers les communautés de Gueckedou et de Nongoa pendant trois semaines s’inscrivent dans le cadre du Projet de renforcement de la cohésion sociale, sécurité aux frontières, et la lutte contre les violences basées sur le Genre dans la région du Bec de perroquet, financé par le Migration Multi Partner Trust Fund, mis en œuvre conjointement par OIM, PNUD, ITC et OMS.