UN ESPOIR POUR LES ENFANTS EN CONFLIT AVEC LA LOI
L'UNICEF soutient les enfants en conflit avec la loi en Guinée, grâce à un appui de l’Union européenne, pour leur accès à la justice en Afrique de l'Ouest
La prison centrale de Conakry - ou Maison Centrale - héberge environ une centaine de détenus mineurs, parmi lesquels une vingtaine s'adonnent régulièrement à la couture. Cette initiative découle d'un projet de l'UNICEF, soutenu par l'Union européenne, visant à former les enfants détenus pour favoriser leur réinsertion sociale à leur libération. Salif* fait partie des jeunes qui suivent les formations. Il est incarcéré depuis 2019.
« J'ai rencontré des difficultés alors que je préparais mon bac. Cependant, Dieu en a décidé autrement, et me voilà en prison. J'avais 17 ans. Une fois arrivé dans la section réservée aux mineurs, j'ai été confronté à de nombreux problèmes. Que faire ? Que devenir ? »
Face à la nécessité de repenser sa vie, Salif décide de s'engager dans la formation pour apprendre la couture. Il reconnaît que « À l’atelier de couture, les mineurs sont mis à l’abri des mauvaises pratiques en prison. » Motivé par cette perspective, Salif encourage d'autres détenus mineurs à le rejoindre dans l'atelier. « J’ai eu une longue discussion avec les autres mineurs pour les convaincre de venir d'apprendre ce métier. J’ai continué à sensibiliser les jeunes, et finalement, ils ont accepté. Aujourd’hui, je ne suis plus le seul dans l’atelier. Nous travaillons ensemble et nous respectons les règlements dictés par notre monitrice. »
Sous la supervision de la monitrice qui consacre six heures de son temps à les initier à la coupe et à la couture, ils apprennent ce métier. « Je suis une mère avant tout, donc j’ai décidé de consacrer des heures pour enseigner le métier de la couture à ces enfants, et ils comprennent bien la discipline. Je suis fière d’eux et contente de leurs progrès », déclare fièrement Madame Salimatou*. Elle précise : « Je me rends sur place trois fois par semaine pour partager mes connaissances. En tant que mère, la motivation et le courage me guident lorsque je pense à cette initiative. Je quitte la banlieue pour venir enseigner l'art de la couture aux jeunes, et je suis extrêmement satisfaite de leur progression. Il est crucial que nous les soutenions tous pour changer positivement leur vie. »
« Une fois en prison, je me suis posé la question : que faire ? Que devenir ? Cette question me hantait chaque jour. Un matin, j'ai décidé de changer mon destin, même en étant en prison. J'ai poursuivi mon apprentissage avec de nombreux mineurs. Après ma libération, je continuerai à exercer le métier que j'ai appris pour subvenir à mes besoins et à ceux de mes parents. J'ai l'intention de reprendre mes études une fois libre pour devenir médecin. Maintenant, je sais coudre des robes, des chemises, des culottes, des pantalons, etc. J'ai acquis une nouvelle compétence, » précise Salif.
La situation des mineurs en conflit avec la justice demeure une préoccupation majeure. Chaque année, de nombreux enfants en Guinée sont impliqués dans des procédures judiciaires. Qu'ils soient victimes d'un crime ou en conflit avec la loi, ces enfants sont souvent vulnérables et nécessitent une protection adéquate, c'est-à-dire des systèmes judiciaires adaptés à leurs besoins.
Le projet « Accès à la justice pour les enfants en mobilité et les autres enfants vulnérables en Afrique de l’Ouest », est déployé dans six pays de l’Afrique de l’Ouest (le Burkina Faso, la Guinée, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Nigeria). Il est mis en œuvre en Guinée dans les régions de Nzérékoré, Kankan, Labé, Mamou, Boké (Koundara) et Conakry. Ce projet vise à renforcer le système de justice pour les enfants afin que celui-ci soit en conformité avec la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE) et les autres normes pertinentes en matière de justice des mineurs. Grâce à ce projet, l’UNICEF soutient 41 389 enfants en Guinée.