LES FEMMES ET LES HOMMES S'ENGAGENT DANS LA LUTTE CONTRE LES MUTILATIONS GÉNITALES FÉMININES
Le Comité National Suisse de l'UNICEF soutient les communautés guinéennes pour l'abandon des MGF dans les régions de Boké, Kindia et Conakry
" L'excision est néfaste pour la santé des jeunes filles, beaucoup de jeunes filles perdent la vie à cause de cette pratique. Nous devons tous lutter contre les mutilations, mais c'est difficile, car c'est lié à une coutume. Quand une fille rejoignait ses amies pour jouer, on se moquait d'elle, on disait qu'elle était impure, car elle n'était pas excisée. Il y a beaucoup de femmes qui se plaignent de ne pas ressentir de plaisir lors des rapports sexuels. Grâce aux formations que nous avons reçues, nous pouvons maintenant expliquer aux parents dans nos quartiers les dangers de l'excision. Nous leur faisons comprendre que de nombreuses de femmes perdent la vie pendant les accouchements et que certaines femmes n'arrivent même pas à donner la vie à cause de l'excision. Nous rencontrons souvent des réticences de la part des parents à abandonner cette pratique. Il est difficile de les convaincre et nous sommes parfois victimes d'injures et de maltraitance. Certaines familles ne nous reçoivent même pas. Mais nous n'avons jamais baissé les bras, car notre objectif est de faire arrêter la pratique de l'excision. Malgré les défis, depuis que nous avons commencé les sensibilisations, les cas ont diminué dans notre quartier. L'année dernière, il n'y a eu aucun cas de mutilation. Dans les quartiers voisins, cinq familles ont aussi décidé de ne plus exciser leurs enfants, " explique Condé Odia, Présidente du Groupement des Femmes et Jeunes Filles pour l'Émergence basé dans le quartier de Kaloum à Conakry.
" J'ai été excisée quand j'étais jeune fille. J'ai souffert le martyre et j'ai encore des séquelles physiques et psychologiques aujourd'hui. Je ne veux pas que mes petites filles subissent le même sort. Lorsque j'ai appris l'existence de ce projet, j'ai tout de suite décidé de m'impliquer. J'ai participé aux ateliers de sensibilisation et j'ai compris que les mutilations n'ont aucun fondement religieux ou sanitaire. J’ai décidé de ne pas faire exciser mes petites filles. J'ai résisté à la pression de ma famille et de ma communauté. Mes petites filles sont heureuses et en bonne santé. Elles sont libres de choisir leur destin. Lors de nos sensibilisations, nous avons pu convaincre des hommes. Nous leur avons expliqué comment l'excision se passe et l'impact qu'elle a sur la santé des jeunes filles, ensuite, ils ont pris la décision qu'il n'y aura plus d'excision dans leurs foyers. Aujourd'hui, nous remarquons un changement. Ce projet donne aux femmes et aux filles la voix et les outils nécessaires pour briser le silence et exiger le respect de leurs droits. À travers des sensibilisations, des formations et des dialogues communautaires, nous sommes en train de faire évoluer les mentalités. Nous encourageons les familles à abandonner la tradition des mutilations et à choisir un avenir meilleur pour leurs filles, " témoigne Mariama Soumah, 56 ans, mère de famille habitant Conakry.
" En tant que leader communautaire, j'ai la responsabilité de protéger les femmes et les filles de notre village. Les mutilations sont une violation des droits humains et une menace pour la santé publique. Nous avons convaincu des femmes et des leaders religieux qui ont adhéré à notre cause. 70% des parents de cette localité sont convaincu J'ai encouragé les membres du conseil local à s'impliquer dans la sensibilisation et à faire adopter des lois locales interdisant les mutilations. Ensemble, nous pouvons mettre fin à cette pratique barbare et construire une société plus juste et plus égalitaire, " précise Sylla Karamoko, Président du Conseil local, Conakry.