L'ACCÈS À L'ÉNERGIE, UN LEVIER POUR ACCÉLÉRER LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE EN GUINÉE
Le Système des Nations Unies en Guinée contribue aux efforts nationaux visant à relever les défis d'accès à l'énergie à un coût abordable
TRIBUNE - L’Objectif de Développement Durable (ODD7) vise à garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes et à un coût abordable. Sa réalisation aura un impact majeur sur la santé et le bien-être des populations, notamment les jeunes et les femmes, en leur offrant d’importantes opportunités d’autonomisation.
Cependant en Afrique sub-saharienne, l'accès à l'énergie reste un défi majeur. Plus de 50% de la population ne bénéficie pas d’un accès fiable à l’électricité. En Guinée, bien que la production d’électricité a augmenté de 70 % sur la période 2018-2022, grâce notamment à la multiplication par 2,4 de la production d’énergie hydraulique sur cette période, l'accès des ménages à l'électricité reste un véritable défi. Le taux est passé de 2018 à 2023, de 44% à 53 %, en milieu urbain. Pour les ménages ruraux, ce taux chute complètement. Il est passé de 2% à 7%, pour la même période. En dépit des efforts d’investissements intervenus durant la dernière décennie en infrastructures de production - réalisation de barrages à l’image du barrage hydro-électrique de Souapiti d'une puissance installée de 515 mégawatts pour un coût de 1,3 milliard de dollars US - de transport et de distribution, l’État guinéen continue de subir une forte pression financière en subventionnant massivement les factures d’électricité des producteurs indépendants. Au titre de l’exercice 2023, le montant de la subvention à l’électricité se chiffrait à plus de 3 200 milliards GNF (environ 450 millions USD par an).
Investir conjointement dans l'énergie pour briser le cycle de la pauvreté
Dans ce contexte, l'orientation de la Vice Secrétaire Générale des Nations Unies, Mme Amina J. Mohammed, qui lors du dialogue stratégique d’avril 2024 des Coordonnateurs Résidents des Nations Unies en Afrique, dans la capitale éthiopienne d'Addis-Abeba, où elle a mis l’accent sur les six leviers transformateurs à même d'accélérer les progrès sur les ODD en Afrique, prend tout son sens. Il s'agit de l’accès à une énergie abordable, en plus des systèmes alimentaires, de la connectivité numérique, de l'éducation, de l'emploi et la protection sociale; et du changement climatique,
la perte de biodiversité et la pollution. Dans cet esprit, le Système des Nations Unies en Guinée joue un rôle déterminant, en appui au Gouvernement, dans la promotion de l'accès à l'énergie durable pour tous, notamment en faveur des jeunes et des femmes en milieu rural.
- Dans le cadre des interventions « Eau Hygiène et Assainissement - EHA », mises en œuvre pour améliorer la résilience climatique, l’UNICEF Guinée contribue à la production de l’électricité, à partir d’énergies renouvelables, à travers l’appui à la réalisation du Barrage hydroélectrique de Kogbédou-Frankonédou qui intègre la construction d’une infrastructure capable de produire initialement 110 MW d'électricité, avec des plans d'expansion pour atteindre près de 200 MW grâce à l'hybridation avec des panneaux solaires. Aussi, des panneaux solaires sont déployés dans des zones critiques, notamment dans les centres de santé, et pour les systèmes d’alimentation en eau, pour garantir l'accès à l'énergie, même dans les régions les plus isolées ou touchées par les coupures fréquentes de courant. Également, on relève l’installation de Systèmes de Pompage Solaire pour garantir l'accès à l'eau dans les régions les plus affectées par la variabilité climatique, assurant une source d'énergie renouvelable et réduisant également la vulnérabilité des communautés aux coupures de courant et aux fluctuations des prix des énergies fossiles.
- Pour sa part, en matière d’accès à l’énergie renouvelable, le PNUD Guinée apporte sa contribution aux niveaux stratégique et opérationnel. D’une part, il appuie i) l’élaboration de la stratégie nationale de l’énergie durable pour tous (SE4ALL) à l’horizon 2030, ii) l’actualisation de la contribution Déterminée au niveau national (NDC/CDN), iii) l’élaboration du plan national d’électrification rurale (PNER) structuré autour de trois programmes(1) avec un objectif de l’accès universel à l’électricité à l’horizon 2040. D'autre part, sur le terrain, le PNUD contribue directement à la construction de minicentrales hydroélectriques hors réseaux. Dans le District de Firadou, Préfecture de Kissidougou et dans la Commune Rurale de Bolodou, Préfecture de Guéckédou, une capacité totale de 94 kVA est fournie, respectivement de 60 kVA et de 34 kVA. La mini centrale hydroélectrique de Bolodou a été hybridée avec une centrale solaire de 20 KiloWatt Crête. Aussi, à travers l’Agence Guinéenne d’électrification rurale, le PNUD a inauguré le 8 juin 2024, une nouvelle centrale solaire de 103,4 kWc, à Thianguel Bori, avec une capacité de stockage de 192 kWh. Cette centrale solaire va transformer la vie des 34 142 habitants de cette localité agropastorale. Il est prévu d'améliorer la centrale, en augmentant sa puissance à 150 kWc, sa capacité de stockage à 250 kWh et d’étendre le réseau de distribution à 12 km.
- En ce qui concerne l’UNOPS, dans le cadre du Projet d’Appui à l’Agriculture Familiale, Résilience et Marché en Haute et Moyenne Guinée (AGRIFARM), l'énergie solaire est utilisée dans l'irrigation agricole. En effet, les systèmes d'irrigation à énergie solaire (SPIS) constituent une option technologique propre pour l'irrigation, permettant d'utiliser l'énergie solaire pour le pompage de l'eau, remplaçant les combustibles fossiles comme source d'énergie et réduisant les émissions de gaz à effet de serre (GES) provenant de l'agriculture irriguée. Le système d'alimentation solaire par immersion (SPI) permet de réaliser des économies de coûts, de réduire l'impact environnemental et d'améliorer la fiabilité et la durabilité de l'alimentation électrique. Plus de quatre (04) sites de 12 à 60 hectares chacun ont été aménagés, avec une production d'énergie solaire variant entre 1,8 kWatts et 10 kWatts. Il est à mentionner que des efforts sont tout aussi déployés pour l’installation de panneaux au profit de 42 infrastructures sanitaires, 4 dépôts pharmaceutiques et 7 base vie des agents conservateurs.
- Le PAM a, pour sa part, contribué à l’insertion de trois sources d’énergie au sein de deux écoles à cantines scolaires à Kissidougou. Il s’agit des écoles de Soulankolo ( 177 élèves) et de Finaya (192 élèves) qui utilisent les sources d’énergie solaire, les foyers améliorés et les 3 pierres traditionnelles. Une étude a été engagée sur l’utilisation énergétique, pour connaitre la source la plus favorable et économique sans effet négatif sur l’environnement notamment pour la cuisson des aliments et leur conservation. Grâce à l’accès à l’énergie renouvelable, les deux écoles citées ont pu générer des revenus, à travers l’aménagement d’espaces offrants des services rémunérés de recharge de téléphones et de conservation des aliments et légumes en faveur des communautés villageoises. Cette innovation a permis respectivement aux écoles d’épargner des revenus de 2.180.000 Francs Guinéens et de 3.056.000 Francs Guinéens, gérés par un comité de l’école qui prend en charge l’entretien des matériels et équipements ou autres dépenses de l’école.
Adoption d’une approche conjointe pour plus d’efficacité et d’impacts en faveur des populations vulnérables
En considérant la diversité des initiatives soutenues par plusieurs agences des Nations Unies et leurs partenaires, la coordination des interventions pour l'accès à l'énergie en Guinée pourrait contribuer à offrir des solutions innovantes à la crise énergétique en Guinée, à travers la combinaison des investissements diversifiés dans les infrastructures, le développement des énergies renouvelables, la promotion de l'efficacité énergétique et le renforcement des capacités institutionnelles. L’expertise de coordination des Nations Unies est un levier central pour renforcer les efforts de mobilisation de ressources, favoriser le transfert de technologies, y compris la promotion de la coopération régionale, prendre en compte les effets de changements climatiques qui menacent, entre autres, les sources d’eau, et soutenir la recherche et le développement.
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Note: (1) 1. Un programme prioritaire quinquennal d’électrification pour les années 2023 à 2027, appelé « Programme d’Urgence d’Electrification Rurale de la Guinée- PUERG » avec deux phases distinctes, qui va permettre d’électrifier 4 550 localités et faire passer le taux d’électrification successivement de 7% à 17% et ensuite à 36% pour un coût global de 1 582 123 850 USD ;
2. Un programme à moyen terme pour la période 2028 à 2033 appelé « Programme d’Electrification Rurale à Moyen Terme – PERMT » qui va couvrir 7 110 localités et faire passer le taux d’électrification à 83%, pour un coût global de 1 483 537 810 USD ;
3. Un programme à long terme pour la période 2034 à 2040 appelé « Programme Final pour l’Accès Universel à l’Electricité dans le Rural- PFAUER » en couvrant le reste des 3 520 localités qui permettra la couverture à 100% du pays, pour un Coût globalde 541 483 330 USD.