Analyse préliminaire de l'impact socio-économique du Covid-19 en Guinée
La pandémie du COVID-19 a déjà coûté cher en vies humaines et a gravement perturbé l’activité économique et sociale dans le monde. L’impact de cette crise sans précédent sur la vie humaine et sur l’économie mondiale résulte de la gravité de la contagion et de sa vitesse de propagation. Les conséquences du COVID-19 sont multiples tant sur le commerce et les échanges mondiaux de services que sur les acquis sociaux, l’emploi et le développement humain en particulier pour les groupes marginalisés ou désavantagés, exacerbant ainsi les inégalites existantes au sein des sociétés. Elles sont, sans doute, les plus importantes depuis la grande dépression de 1929.
Début janvier 2020, 2 mois avant l’annonce officielle de la crise sanitaire, le FMI projetait une croissance positive du PIB par habitant dans plus de 160 pays membres en 2020. Fin Mars, la situation s’étant serieusement détériorée, le FMI projettait désormais que plus de 170 pays enregistreront une croissance négative de leur revenu par habitant cette année. Cette situation aura un impact sévère sur la formation brute de capital fixe, l’epargne, la monnaie et les capacités de remboursement de la dette. Elle fragilisera la majorité des travailleurs indépendants, artisans et employés des petites et moyennes entreprises et le secteur informel ; et pourrait détruire près de 30 millions d’emplois.
Selon les estimations de l’Union Africaine, le COVID-19 va réduire fortement les perspectives de croissance en Afrique. La croissance en Afrique va passer de 3.4% en 2020 à -0.8% selon le scenario modéré d’impact du COVID et –1.1% selon le scenario sévère. Selon la Banque Mondiale dont les estimations ne couvrent que l’Afrique Subsaharienne, L’Afrique va entrer en récession pour la première fois depuis 25 ans et la baisse de la croissance économique se situera entre 6 et 8 points de pourcentage en fonction de l’évolution de la crise. Dans le scenario d’impact modéré, la croissance économique passera de 3.2% (avant la crise) en 2020 à -2.1%. Dans le scénario d’impact sévère, la recession économique pourrait être tres forte et se situer à -5.1%.
Cette pandémie va avoir des conséquences facheuses sur la capacité des Etats africains à mobiliser des ressources internes pour mitiger les conséquences de la crise. Elle va contribuer à accroitre les déficits publics et commerciaux et va entamer la stabilité macroéconomique des Etats Africains. Cette baisse drastique de la croissance sera liée entre autres, à la baisse des exportations (-6%), de l’investissement (-5%) et de la consommation privée (-8%). En outre, la mobilisation des ressources domestiques diminuera de 12 pp par rapport au scenario de base et le déficit budgétaire en Afrique s’accroitra de 2.7% du PIB en 2020.
L'expérience des crises précédentes, en particulier de l'épidémie de maladie à virus Ebola en Afrique de l'Ouest en 2014, a montré l'impact significatif des restrictions de mouvement et des efforts de confinement des malades sur l’accès aux services sociaux de base, accroissant les inégalités en particulier pour les groupes vulnérables. Alors que la pandémie de COVID-19 entame les capacités des systèmes de santé publique, de protection sociale et plus largement des moyens de subsistance, les populations vivant dans la pauvreté, qu’elle soit monétaire ou multidimensionnelle, et notamment celles qui sont les plus marginalisées et discriminées, sont particulièrement exposées à ses effets.
De plus, la diffusion du virus à l’international a remis à l’evidence l’urgence de définir des strategies precises pour contrôler le mouvement des personnes dans le contexte global. Bien que passée au second plan du fait de la pandémie, la problématique des migrations internationale poser toujours des questions sachant que des milliers de personnes continuent à être rassemblées dans des structures d’accueil, souvent dans des conditions tragiques. Comment dans ce cas garantir le droit de ces migrants avec les directives de distanciation sociale imposées par les gouvernements, et pire encore, les relations de plus en plus tendues entre migrants et non migrants.